L’automne

A toute autre saison je préfère l’automne ;
Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids
La lamentation confuse et monotone
Que rend la harpe d’or des grands chênes jaunis.

Je préfère aux gazons semés de pâquerettes
Où la source égrenait son collier d’argent vif,
La clairière déserte où, tristes et discrètes,
Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.

Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées ;
Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons,
Et le saule penchant ses branches désolées
Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons.

Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes
Jusqu’aux sommets où, seuls, les ajoncs ont des fleurs,
Les feuillages divers qui s’étagent par zones
Doublent le chant des bruits de l’hymne des couleurs…

François Fabié, Le Clocher, 1887